L'histoire d'Esthroth Rynvann

Prologue : histoire de Rakres Rynvann

Esthroth est né en l'an 698 de notre ère mais il faut revenir un peu en arrière pour comprendre le sens même de la vie que mène Esthroth.
Tout commence il y a bien longtemps, lorsque Rakres Rynvann, le père d'Esthroth, décida de devenir chasseur de trésors. Au grand désespoir de sa famille, il fut l'un des premiers elfes du début de la civilisation à partir loin de sa forêt natale. Il voyagea beaucoup et heureusement pour lui, car il évita ainsi le vengeance des orcs de l'année 62. Il n'apprit cependant cette tragédie que quelques années plus tard.
S'étant rendu dans la forêt pour aider ses frères à se relever de ce désastre, il fut étonné d'être méprisé par certains elfes qui avaient survécus et qui voyaient dans la fuite de Rakres une preuve de lâcheté. Rakres ne se découragea pas et chercha des idées pour améliorer la vie des elfes. La solution la plus efficace ne fut trouvée que des années plus tard par une elfe du nom de Lerna Rocdas qui pensait que les elfes devaient coloniser de nouvelles terres. Et effectivement, après les nombreuses victimes recensées dans la forêt elfique sacrée et quelques dizaines d'années à méditer sur la tragédie, il ne fut pas difficile de trouver des volontaires. Ainsi 125 symbolise l'année de la colonisation des terres hostiles du sud par les elfes.

Chapitre 1 : Colonisation et défense

La colonisation fut suivie par environ deux cents elfes dont Rakres, Lerna et le général Folder (armé de la lame Delphina) qui avait pour mission de former des guerriers capables de défendre la colonie. Quant aux humains, ils n'opposèrent aucun désaccord à cette colonisation, voyant plutôt là un rempart contre le sud.
Rakres qui n'était pas très fort au combat préféra aider à sa manière, c'est à dire en ramenant des trésors à la nouvelle colonie. Il gagna la confiance des autres et se hissa au rang de héros chasseur de trésor, une distinction surtout symbolique...Dans la même temps, Folder amena la colonie au rang de ville-état et établit de nombreux accords de paix avec tout l'ouest (l'est n'ayant pas encore été colonisé par les humains, il serait difficile de traiter diplomatie avec les orcs).
Les problèmes commencèrent réellement lorsque les pillards du sud attaquèrent le village une centaine d'années plus tard. Folder combattit bravement mais fut grièvement blessé et cacha secrètement son épée Delphina dans un lieu connu de lui seul. Il mourut peu après en emportant son secret avec lui.
Après la guerre contre les pillards, Rakres et Lerna se marièrent et eurent de nombreux enfants dont Esthroth en 698. Rakres ne trouva l'épée Delphina qu'en 495 dans une quête au trésor, avouons le, comme d'habitude, assez hasardeuse.

Chapitre 2 : Delphina

Jusqu'alors, les enfants Rynvann ne pouvaient manier l'épée à deux mains faute de force mentale.
Il est vrai que les épées normales ne demandent généralement que de la force physique et de la dextérité. Il en va autrement avec les épées magiques forgées par les forgerons elfes. Elles semblent d'un poids déraisonnable, voire impossible à évaluer. Même les plus forts guerriers ont du mal à la soulever alors que des elfes plutôt moyens peuvent parfois la soulever aisément. Pour réussir à manier telle arme, il faut une volonté et une force mentale très développée. La concentration, l'habitude et l'entrainement peuvent venir à bout d'une épée magique.
Les efforts à fournir pour utiliser une arme magique ne sont pas vains puisque sa puissance rivalise avec toutes les autres épées. Les enfants de Rakres n'avaient su manier que l'arc, la magie ou des armes conventionnelles. Seul Esthroth réussit à tenir Delphina et résister au poids plusieurs minutes.
C'est pourquoi Rakres entraina longtemps Esthroth avec Delphina pour qu'il puisse devenir un puissant guerrier. Esthroth voulait aussi faire partie de la Confrérie de l'Ordre mais pensait que cela lui serait totalement impossible.
Lors de ses 200 ans, Esthroth reçut logiquement Delphina de son père en cadeau d'adieu. C'est en effet à cet âge que les elfes de la forêt noire (nom du lieu où résident les colons) ont l'obligation de faire voyage autour du monde et d'apprendre les relations complexes entre la nature et les créatures qui l'habitent. L'année 898 était donc l'année qui allait marquer un tournant dans la vie d'Esthroth...

Chapitre 3 : Première mission

Après avoir longuement voyagé vers le nord, passant dans maintes forêts, plaines et montagnes, toujours en s'entraînant durement avec Delphina, Esthroth arriva finalement dans une petite ville peuplée en majorité d'humains et de nains. C'est à dire une ville peu accueillante pour un elfe...
De toute façon Esthroth était affamé. Il était alors prêt à tous les sacrifices pour manger quelque chose de cuisiné et de plus raffiné que des racines, des insectes, de petits animaux ou monstres cuits au feu de bois. Le problème c'est qu'il n'avait pas d'argent. Et puisqu'il voyageait léger, il n'avait rien à vendre. Il demanda tout d'abord en quelle année le monde se trouvait : « Bah en 903 ! », lui répondit un passant pressé. Il fouilla ensuite dans son sac et vit que tout ce qu'il avait amassé durant ces cinq dernières années de voyage se limitait à 3 pièces de cuivre.
"De quoi se payer un fond de pinte de bière !", lui expliqua t-on sèchement. Il apprit aussi assez rapidement qu'il existait un moyen plus rapide de se faire de l'argent lorsqu'on sait manier une arme : la guilde de l'Ordre. Elle proposait toujours des missions dangereuses mais bien rémunérées. Elle offrait évidemment un toit pour une nuit et un repas pour qui avait accepté une mission.
C'est ainsi que Esthroth Rynvann prit la seule mission qui restait, au grand rire de nombreux guerriers présents autour de lui. Il alla donc logiquement à la table de réunion. Cette table, unique pour chaque mission, a pour but de réunir les différentes personnes qui ont accepté la mission et de préparer un plan afin de garantir les meilleures chances de réussite. Autour de cette table se présentaient deux humains, un nain et un demi elfe.

Chapitre 4 : Départ

Les deux humains étaient frères, fiers et robustes. L'un maniait l'épée à deux mains tandis que l'autre utilisait la hache. Bourrins mais pas très fins...Le premier était de niveau 4 tandis que l'autre était de niveau 5. Le nain s'était spécialisé dans la maitrise des haches et maniait deux haches à la fois. Bien qu'il fut nain, il n'en était pas moins fort et portait presque son poids en équipement. Il avait obtenu le niveau 3 assez récemment. Le demi-elfe maitrisait la dague, le vol et les arts obscurs (il aimait particulièrement paralyser puis tuer rapidement). C'était le membre le plus expérimenté et était déjà du niveau 8. Il fut donc désigné comme chef de groupe.
Esthroth faisait pale figure, lui qui n'était même pas classable dans la table des niveaux. Il n'était que compagnon. En effet, les jeunes recrues n'ont pas encore assez d'expérience pour être classé dans cette table des niveaux. Il sont classé comme suit : novice-apprenti-compagnon-expert-maitre. C'est seulement en étant maître dans son domaine de compétence (c'est à dire la maitrise de l'arme) que l'on commence à être classé en niveaux.
La mission consistait à tuer tous les morts vivants qui avaient infesté et tué un bonne partie des habitants. Les rescapés, qui s'étaient enfui, avaient raconté leur histoire et la guilde de L'Ordre quir avait alors proposé cette mission devant tant de témoignages accablants.
Mais il y avait un hic. Le village en question était réputé pour la puissance te la vaillance de ses guerriers. C'est pourquoi elle fut classé de rang S. Après la distribution de la carte de la ville et de l'ordre de mission le groupe se mit en route vers le village. Les autres membres du groupe voyaient surtout dans Esthroth un fardeau et un futur cadavre à enterrer...

Chapitre 5 : Dangereuse Forêt

C'est dans ce contexte de grande tension que le groupe se dirigea vers le village. Pour y arriver, il fallait d'abord passer par une forêt, soit-disant, relativement calme.
Ils ne rencontrèrent d'abord que des bêtes sauvages, deux ou trois faibles monstres puis aperçurent une fée au fond de la forêt qui s'échappa rapidement lorsqu'elle les vit. Tout semblait allait pour le mieux et personne ne s'attendait à un combat intéressant. Personne n'avait réfléchi au fait que le village, ayant été un féroce bastion et un repère de bons et grands guerriers, n'avait plus aucune protection. La protection s'étend alors logiquement aux alentours du village.
Ce fut donc une attaque surprise : une quinzaine de brigands de bas niveaux et deux chefs un peu plus imposants sautèrent brusquement hors des fourrés qui longeaient le chemin.
Tout groupe censé aurait immédiatement fui ou se serait du moins rendu pour éviter les pertes probables. Cependant, contre toute attente, le demi elfe ordonna de se défendre. Même si l'ordre n'était pas très rassurant, le reste du groupe supposa que le demi-elfe avait un plan.
Lorsque le combat commença les plus faibles des brigands tombèrent après quelques coups bien placés de hache et d'épée à deux mains des deux frères entraînés à combattre en duo depuis toujours. Les autres adversaires....semblaient moins évidents à neutraliser.
Esthroth et le nain ne trouvaient pas grand chose à faire, si ce n'était achever les brigands gisant à terre. Le chef du groupe n'ayant pas encore agi, les brigands l'attaquèrent croyant à de la peur.
Mais ce n'était pas de la peur. C'était une stratégie ! Quand 6 brigands lui sautèrent dessus, ils restèrent figés une seconde puis tombèrent raides morts la seconde suivante. On aurait cru comme à de la sorcellerie. Esthroth remarqua tout de même une petite entaille au niveau de la gorge de chacun des malheureux. Les brigands restant fuirent. Lorsqu'ils furent hors de portée, le demi-elfe s'écroula...

Chapitre 6 : Repos bien mérité

Le groupe, n'ayant à présent plus de chef, s'arrêta un moment dans la forêt. Tout le monde espérait bien sûr que le chef de groupe reprendrait rapidement ses esprits après cet exploit surprenant. La quête semblait s'éterniser, les difficultés allaient croissantes avec le temps.
Quelques heures devant le feu à prodiguer des soins de base suffirent à ramener le chef sur pieds. Ils regrettèrent aussi de ne pas avoir avec eux un guérisseur pour cette mission difficile.
Le nain et les deux barbares voulaient maintenant attaquer les monstres du village afin d'en finir le plus vite possible avec cette mission. Le maître de cette mission protesta : il était hors de question de foncer tête baissée sur l'ennemi sans rien connaître de son nombre et de sa puissance. Rien que le combat contre les bandits montrait que l'attaque surprise était une technique efficace pour acculer n'importe quel ennemi.
Ce fut d'abord le temps de se connaître mieux les uns les autres et de se présenter par son nom.
Les deux frères s'appelaient Boris et Irvan Theodor : les frères Theodor. Le nain faisait parti, selon ses dires, de la grande famille des Kurner : Huif Kurner. Et quant à l'elfe maître des dagues, surnommé l'assassin, s'appelait Eiar Lasesbois. Esthroth se présenta comme l'héritier des Rynvann, ce qui sembla être vaguement reconnu par Eiar.
Ils avancèrent donc prudemment vers le village tout en massacrant le plus rapidement possible les ennemis qui se dressaient sur leur chemin. La tactique qui avait été adopté était la suivante : paralyser l'ennemi grâce aux dagues empoisonnées d'Eiar, lancer Esthroth et Huif à l'attaque, tuer l'ennemi à l'aide des techniques puissantes (mais peu précises) des frères Theodor.
Arrivé en haut d'une colline surplombant le village, le groupe eut exactement la vision qu'il redoutait d'avoir...

Chapitre 7 : Repli et contre-attaque

Redouter serait un euphémisme. Craindre ou avoir en horreur semblerait plus juste. Un mur de flèches avançait effectivement dans leur direction...les flèches ayant été tirées par plus de deux cents archers squelettes en formation serrée.
Le nombre de flèches tirées dans la même direction et au même moment peut tamiser le ciel tel un immense filet composé de fines mailles. Ainsi le ciel s'obscurcit. L'ennemi, stupéfait et émerveillé par l'effet, est comme paralysé. Il meurt donc, transpercé et vidé de son sang, par les flèches.
Heureusement le groupe était dirigé par un élite des arts obscurs qui ne se laisse pas facilement manipulé et aveuglé par des futilités. Il ordonna donc de se replier rapidement dans la proche forêt. Un seul problème subsista dans son esprit : comment les zombies avaient ils su que le groupe arrivait et qu'il se situait exactement à cet endroit précis ? Deux explications possibles : soit les zombies peuvent discuter entre eux par télépathie, soit il y a un espion au service de d'ennemi dans le groupe.
Cependant le temps n'était pas à la réflexion. Il fallait trouver une contre attaque idéale dans cette délicate situation. Au pire, si l'espion existait vraiment il obéirait à ses ordres (afin de ne pas se dévoiler) et serait donc utile au groupe pour toute stratégie, au moins sur le court terme...
La position du groupe était l'extrême opposée de l'entrée du village, c'est à dire l'est. La tactique proposée à la hâte était la suivante : envoyer les frères Theodor contourner le village pour faire diversion et attirer les troupes vers l'entrée (ouest). Ils devront tuer le plus d'ennemis possible et fuir dès que le gros des adversaires arriverait à portée. Pendant ce temps Eiar, Esthroth et Huif s'infiltreront dans le village à partir d'un point situé non loin de leur position actuelle (sud-est). Évidemment la stratégie repose surtout sur l'espérance que les zombies auront retiré une grande partie des troupes à l'est du village. Finalement les frères Theodor rejoindront plus tard le groupe au sud du village.
Les frères Theodor se mirent logiquement en route vers l'ouest en passant par la lisière de la forêt...

Chapitre 8 : Diversion, Infiltration et Interrogation

Pendant ce temps Eiar, Esthroth et Huif attendaient un signe de mouvement de l'ennemi pour rentrer discrètement dans le village. Lorsque une partie des archers cessèrent leur tir de barrage pour se déplacer vers l'ouest, ils purent entrer sans peine dans le village. Eiair utilisa aussi un sort d'invisibilité et de silence sur tout le monde pour dissimuler leurs présences (surtout celle du nain...).
Ils visitèrent donc rapidement l'est du village tout en tuant silencieusement quelques zombies et squelettes. Dès qu'ils eurent examiné les dégâts causés sur les maisons, les morts gisant encore à terre et les objets utilisables, ils coururent en direction de l'ouest (plus précisément vers la maison précédemment repérée où ils s'étaient donné rendez-vous) avant que le sort ne fasse plus effet.
Arrivés à l'intérieur de la maison, ils trouvèrent les deux guerriers en train de compter le butin qu'ils avaient pu amasser de leur petite expédition... « Cela est étonnant ! », murmura Eiar. Et, en effet, c'était très étonnant d'imaginer les deux guerriers de niveau moyen terrasser toute les troupes de morts envoyées pour les arrêter et tout un village de redoutables combattants se faire repousser par ces même troupes.
Encore une fois le doute planait : les espions au service des morts seraient les frères Theodor ?! Il n'y avait aucune preuve tangible. Et puis ils avaient bien rapporté un butin. Tout cela amenait une seule conclusion : les morts sont guidés par un être plus puissant, un sorcier. Et en ce moment il serait absent. C'est pourquoi les zombies et les squelettes, bien qu'ayant des stratégies de base, sont assez désorganisés et totalement impuissants devant « le génie des ruses », Eiar.
Il n'y avait qu'à attendre ce sorcier tout en tuant ses serviteurs pour le plaisir...

Chapitre 9 : Confrontation avec un Sorcier

C'est ainsi qu'ils vécurent une vie paisible pendant 18 jours ; les journées se composaient à peu près de cela : manger, s'entraîner, manger, s'entraîner, discuter, dormir. Tous les monstres de la ville furent anéantis en 10 jours. Les 8 jours suivants furent consacrés à un entrainement en vue d'un combat contre un sorcier. Seul Eiar avait l'expérience de ce genre de combat. Il établit quelques stratégies de combat et de fuite si besoin.
L'après midi du 18ème jour fut donc le moment où le sorcier revint pour vérifier l'état de ses troupes. La surprise fut de taille : il n'avait plus aucun serviteur. Il avait prévu de laisser quelques serviteurs pour qu'ils se multiplient (c'est ce qui se passa dans un premier temps) afin de venir en chercher une partie (qui formerait une nouvelle troupe) prête à l'attaque d'une autre ville. L'idée était de créer une espèce de nurserie pour zombie et squelettes...Cette mission de l'Ordre avait été doublement efficace. Le village était sauvé et le plan d'un sorcier réduit à néant !
Cela mit rapidement le sorcier en colère qui commença à chercher s'il ne pouvait pas trouver des indices sur ceux qui avaient engendré cette catastrophe (de son point de vue). Ce n'est pas des indices mais une attaque surprise qu'il reçut de dos. Les deux frères Theodor réussirent à placer leurs attaques combinées au niveau de la tête du sorcier cependant un puissant bouclier translucide de couleur violet-noir les repoussa violemment. « Ne vous inquiétez pas ! », dit Eiar. « C'est comme cela qu'ils se défendent. Plus ils se défendent brutalement, plus cela signifie qu'ils sont faibles et qu'ils cèderont à nos attaques successives ». Le sorcier fut surpris d'entendre parler quelqu'un qui connaissait aussi bien les sorciers mais il ne put voir le visage de Eiar, caché derrière un mur d'une bâtisse à l'abandon.
Ensuite s'enchainèrent les coups de Esthroth et Huif afin de distraire le sorcier. Grâce à cette diversion Boris Theodor réussit à placer sa technique spéciale à l'épée et infligea de sérieux dommages à la concentration et à la magie du sorcier. C'est ce moment que choisit Eiar pour attaquer et en finir en un éclair. En effet sa technique consiste à augmenter énormément sa vitesse pendant un très court laps de temps (0.5 à 2 secondes) et attaquer le ou les ennemis qui l'entourent.
Après que l'attaque éclair eut été donné, on vit le sorcier tomber à terre. Puis tout le monde souffla un soupir de soulagement jusqu'à ce qu'ils entendent un petit ricanement venant du sol...

Chapitre 10 : Maître, Souvenir et Trahison (MST)

Le sorcier, qui venait pourtant de se prendre la meilleure attaque d'Eiar, se releva. Bien que tout le groupe semblait persuadé que le sorcier avait été largement tailladé, ses vêtements ne montraient aucun signe de déchirement. Les frères Theodor et le nain critiquèrent vivement la précision des attaques d'Eiar, lui reprochant l'échec de cette attaque surprise parfaitement calculée. Esthroth avait un mauvais présentement et quant à Eiar, il était encore plus étonné que les autres : comment un niveau 8 comme lui pouvait rater une cible par surprise ?
Le sorcier dit alors : « Ça y est je me souviens de ton visage. Tu m'avais déjà attaqué lorsque tu appartenais à un autre groupe ». Il enchaîna : «  Je crois que tu étais niveau 3 à l'époque... ».
Cette révélation ne surprit personne puisque Eiar avait bien expliqué qu'il avait combattu des sorciers auparavant. Ce qui était choquant c'était le fait que le sorcier soit encore en vie !
Le sorcier continua : « Je vois que mon sort a bien fonctionné. J'avais modifié ta mémoire. Eh oui ton groupe s'était fait décimé, tu étais le seul survivant et je voulais tester un sort d'envoutement. Je vois que le sort fonctionne encore. Ha ha ha... » Ces révélations suivies de ce rire ne fit rire personne. C'est plutôt la panique qui s'empara du du groupe. « Si ce qu'a révélé le sorcier est vrai, alors tout le monde va mourir », insista Esthroth (un peu trop réaliste pour le coup).
Dès qu'il vit le nain s'enfuir, le sorcier ordonna à Eiar de tuer Huif. A priori rien ne se produisit. Les frères Theodor semblèrent soulagés. Mais le nain s'effondra la seconde suivante. Ce fut ensuite le tour des frères Theodor et le combat ne dura pas plus de 20 secondes.
Il ne restait plus que Esthroth, Eiair et le sorcier. Esthroth savait qu'il ne pourrait pas battre Eiar alors il planta son épée dans le sol. Il n'avait aucune issue, que ce soit la fuite ou le combat.
Dans cette bataille peu équilibrée, le sorcier prit un malin plaisir à faire souffrir Esthroth et l'amena au bord de la mort. Alors que le sorcier ordonna d'achever Esthroth, Eiair essaya de résister. Voyant qu'il ne pourrait pas résister longtemps, il décida d'accélérer uniquement son corps et de se placer devant sa propre dague. Il fut projeté sur Esthroth avec sa dague plantée en plein cœur...

Chapitre 11 : Beyond Good and Evil (Par delà bien et mal)

Le choc fut extrêmement violent. Esthroth et Eair furent projetés à plus de 120 mètres de distance.
Après cela, Esthroth se releva et commença à marcher en traînant son épée qui lui semblait à présent bien lourde (avec toutes les blessures qu'il avait reçu il ne pouvait effectivement plus se concentrer aussi bien qu'avant). « Tu aurais peut-être pu t'enfuir si tu avais laissé ton épée », surgit de derrière. Le sorcier avait suivi ses traces et était à quelques mètres derrière d'Esthroth.
« Comment devrait on qualifier cet acte ? De l'attachement à un objet de famille ? De la bêtise elfique ? Ou est-ce que cette épée a une réelle valeur ? Je crois que tu te fourvoies. Cette épée m'a l'air bien inoffensive et trop lourde pour toi ! ». Il était remarquable, en effet, que l'épée Delphina était plus légère pour celui qui savait la maîtriser ; mais aussi plus affutée. Son poids et sa qualité étaient donc aussi proportionnels à la concentration de l'utilisateur.
A nouveau Esthroth planta son épée dans le sol afin de s'aider à tenir debout. « Tu as vraiment l'air pathétique ! Mais je ne serai pas aussi clément qu'avec l'autre elfe. C'est à cause de toi que mon meilleur jouet s'est donné la mort. Tu mérites donc le même sort ! », dit le sorcier en colère. Il prépara ensuite une attaque magique de feu de grande envergure. Esthroth qui ne pouvait presque plus bouger tenait fermement son épée. Lorsqu'il commença à s'évanouir, il entendit une voix qui disait « Tiens bon ! D'autres arrivent ! ». Des bruits d'un combat de grande ampleur à proximité de lui résonnaient dans sa tête quand il finit par s'endormir.
A son réveil il était entouré d'un bon nombre d'elfes et d'humains qui attendaient quelque chose.
« Qu'est il arrivé à Eiar ? », « Qui a tué les frères Theordor ? », « Pourquoi Huif a été tué à l'aide d'une dague ? » etc... ils posaient tous énormément de questions afin de savoir sur qui se venger.
Esthroth raconta l'histoire de leur brève aventure, du sort lancé sur Eair il y a bien longtemps et de sa forte volonté qui lui avait permis de désobéir. De leur côté, les questionneurs, maintenant fort déçus de cette histoire, expliquèrent la rapide raclée qu'ils mirent au sorcier...

Chapitre 12 : Nouveau et renouveau - Sur de nouvelles bases

D'un point de vue objectif on aurait pu dire trois choses à propos de la mission :
-elle avait été une réussite double (réussite de la mission en elle-même et élimination d'un sorcier), ce qui est assez rare lors d'une première mission
-cette mission avait permis à Esthroth d'apprendre quelques principes stratégiques et un peu d'expérience en combat
-la mort de ses compagnons était certes regrettable mais surmontable, bien que pour une première mission elle découragerait plus d'un combattant
Finalement Esthroth se retira quelques temps dans la forêt la plus proche afin de méditer sur ce qu'il s'était passé. Il était encore sous le choc de la disparition de ses premiers frères d'armes : il devait en effet d'abord surmonter sa peine, puis prier pour leur salut et enfin trouver des solutions afin que ce genre de drame ne se reproduise pas.
Écoutant les animaux, les arbres et les esprits de la forêt, s'entrainant chaque jour avec Delphina et ne vivant que d'eau, de fruits, de plantes et de racines, Esthroth resta dans la forêt jusqu'en 915, c'est à dire pendant 12 ans.
Lorsqu'il en sortit, il ne paraissait pas plus vieux (c'est normal pour un elfe) mais plus mûr, plus sage. Son visage s'était endurci et ne montrait plus de faiblesses apparentes. Il avait aussi pris une résolution : il souhaitait devenir stratège. En bref, il voulait devenir celui qui évite au maximum les pertes, voire les réduit à zéro. Il est vrai qu'à cette époque, les stratèges cherchaient plutôt la réussite d'une mission que la survie de tous les membres d'une équipe (ou d'une armée).
Pour commencer il alla vers une grande guilde de l'Ordre formant les stratèges de guerre...

Chapitre 13 : La stratégie, un art subtil

Dans cette guilde, n'étaient formés que des futurs stratèges et leaders d'équipes (qui se nomma par la suite l'Académie, haut lieu d'entrainement pour les chevaliers de l'Ordre). Esthroth y resta jusqu'en 925. Les dix ans passés dans la guilde lui permirent de comprendre toutes les subtilités de la stratégie. Mais cela lui semblait encore insuffisant. Les conseils et les connaissances apportés par cette guilde étaient certes très utiles et difficilement contestables mais, sachant ce qu'avait vécu, Esthroth ne pouvait pas se contenter du même savoir que son ancien leader. Car Eair n'avait réussi à sauver tous ses coéquipiers avec les connaissances acquises dans une autre guilde de renom. Il fallait trouver des enseignants avec une expérience hors du commun...
Esthroth décida donc d'aller voir les elfes de la grande forêt : seuls les elfes ont une durée de vie assez satisfaisante pour lui prodiguer les meilleurs et les plus anciens conseils possibles au monde. Esthroth voulait aussi en savoir plus sur ses ancêtres. En revanche, il ne savait comme il allait être accueilli, lui un des fils du « rebelle » Rynvann. Certes, son père n'avait rien d'un vrai « rebelle » mais pour les elfes de la forêt, il avait trahi les siens en quittant la forêt. Esthroth avait aussi pensé à aller voir son père et son village. L'inconvénient, c'était que son village ne possédait pas les plus âgés et plus sages des elfes. Les elfes de son village avaient adopté un système de mercenariat depuis déjà quelques centaines d'années et n'étaient plus habitués au combat.
Quelques mois de voyage semés d'embuches et de nombreux monstres l'empêchèrent de progresser très vite. C'était comme si le nombre et la puissance des monstres croissaient à mesure qu'il se rapprochait de la forêt elfique. Lorsqu'il arriva à quelques kilomètres de la forêt, il comprit alors le pourquoi de ce phénomène étrange. Il y avait réfléchi lors de la fin de son voyage et imagina plusieurs solutions classées du plus au moins probable :
-des hordes de montres, dirigés par quelques sorciers, attaquaient la forêt en ce moment même
-les elfes de la forêt dirigent des monstres afin d'éloigner les étrangers qui vaudraient y entrer
-les elfes de la forêt s'étaient fait tués (ou étaient sur le point de se faire exterminer) par les monstres et ceux-ci grouillaient maintenant à l'intérieur autant qu'à l'extérieur de la forêt
La vérité sur ce phénomène était proche de la première idée d'Esthroth mais s'en écartait quand même de beaucoup....

Chapitre 14 : L'attaque « de la forêt » ou l'attaque « pour la forêt » ?

La forêt n'était pas vraiment attaqué puisqu'aucun monstre n'arrivait à entrer à l'intérieur...
La vérité derrière ce phénomène d'attroupement autour de la forêt était on ne peut plus désolante...
Les elfes de la forêt vivent en autarcie et ne souhaitent pas rencontrer d'étrangers, tout le monde sait ça. En revanche une particularité inconnue de la forêt empêche depuis longtemps les diplomates de rencontrer ces elfes. Peu de personnes sont au courant de cela : aucun diplomate n'avait réussi jusque là à discuter avec ces elfes, car une barrière magique infranchissable entourait la forêt elfique. A cause de cela, certains monstres avaient été attirés, d'autres envoyés par les sorciers, afin de déterminer la puissance et l'origine de cette barrière. Et ce depuis un bon bout de temps...ce qui fit que plus personne n'osa s'approcher de la forêt pour rencontrer les elfes autarciques.
Esthroth alla dans la ville la plus proche afin de concocter un plan lui permettant de passer à travers les monstres et de traverser cette barrière de protection. Une question se posait tout de même : les elfes de la forêt avaient-ils encore les moyens de repousser ces monstres et profitaient-ils du phénomène pour se préserver des étrangers ? Ou cherchaient-ils à contacter l'extérieur (pour obtenir de l'aide ou autre) sans y arriver ?
Des kilomètres carrés de monstres étalés sur toute la surface qui se battent entre eux, des monstres faibles et des monstres de haut niveaux en passant par les intermédiaires, ce n'est pas évident de passer sans se faire remarquer. Pourtant Esthroth chercha à recruter des compagnons temporaires afin d'atteindre la barrière magique. La plupart des guerriers et aventuriers « raisonnables » ne s'arrêtèrent même pas pour lire complètement l'offre de recrutement...ceux qui vinrent au lieu de rendez-vous étaient soit curieux soit légèrement dérangés. Sachant que, de plus, Esthroth ne pouvait pas offrir de compensation pécuniaire, la récompense était simplement « l'honneur d'avoir franchi cette armée malfaisante et la possibilité de pouvoir rencontrer les elfes de cette forêt ».

Chapitre 15 : Mort programmée

Le groupe ainsi formé, un plan de bataille fut dressé. Il s'agissait plutôt de passer à travers les hordes de monstres que de les tuer tous ! Pour cela, une formation était mise en place avec guerriers devant, archers juste derrière et magiciens au milieu. Il fallait à tout prix avancer vite, rester en formation et ne pas chercher à tuer tous les ennemis se présentant sur les côtés. Une fois arrivés devant la barrière, les magiciens chercheraient à créer une ouverture tandis que les guerriers et les archers continueraient de repousser les vagues de monstres voulant eux aussi passer.
Il y avait dans ce groupe : 16 combattants, 8 archers et 3 mages, tous choisis par Esthroth.



Cette première formation viserait à passer les ennemis ni très nombreux ni très forts du début de la zone infestée. Les combattants les plus bourrins à la hache ou à l'épée longue se trouveront devant, permettant une avancée rapide. Derrière eux se trouveront les trois lanciers prêts à empaler les monstres les plus résistants que le groupe pourra trouver sur son chemin. Le reste des combattants (deux haches, épée et bouclier, dague etc...) seront sur les côtés afin de protéger l'ensemble des archers et des mages. Les archers et mages ont ici pour but d'éliminer, ou du moins repousser, les poursuivants et les ennemis volants. Le guerrier le plus à l'arrière a une épée et un bouclier. Il est censé être le plus résistant de tous aux attaques. Il doit pouvoir encaisser, protéger et attaquer, c'est un poste clé confié au plus puissant des guerriers du groupe (qui se trouvait être justement très habile avec ces deux équipements).



La marche lente servirait à avancer plus lentement à partir du milieu-3/4 de la zone infestée de monstres. Comme les monstres deviendront plus puissants à mesure que le groupe se rapprochera de la barrière, il faudra pouvoir trouver l'équilibre dans une situation délicate. Cette formation n'a rien d'extraordinaire. Elle doit juste faire en sorte que soient alternés les guerriers bourrins avec les autres plus subtils. Les archers et mages ont un rôle majeur dans cette formation : ce sont eux qui ouvriront la voie et, en même temps, protègeront l'ensemble des guerriers et donc du groupe.



Pour finir, cette formation laisse les mages s'occuper de la barrière pendant que guerriers et archers les protègent. Les deux guerriers sur les côtés, sont deux lanciers prêt à aider n'importe où.

Chapitre 16 : Au programme de ce soir

Chef désigné, hommes recrutés, tactique établie : tout était prêt pour l'assaut vers la barrière. « Quelle est l'heure de l'assaut ? », lui demanda t-on. « Demain à midi ! », répondit Esthroth d'un ton ferme. Cette heure sembla étrange pour la plupart des gens réunis autour du commanditaire de la mission, car ils pensaient pour la plupart que la tactique la plus logique aurait été de simplement courir la nuit tête baissée pendant qu'une partie des monstres serait endormi. Mais Esthroth avait remarqué que les monstres faiblissaient à l'arrivée du soleil au zénith. Il fallait donc absolument attaquer au moment où la chaleur et la faim seraient les plus importantes.
Bien que cette décision fusse difficile à accepter pour la plupart des guerriers, ils se résignèrent finalement. Le lendemain, ils partirent comme prévu à l'assaut de cette barrière.
11h40, les guerriers finissent d'affuter leurs lames, les archers vérifient leurs arcs et la qualité des flèches, les mages méditent en récitant leurs incantations. 11H50, et c'est l'heure de l'assaut ! La percée se passe d'abord plutôt bien : comme attendu, les monstres sont plutôt faibles et ne s'attendaient pas à une telle offensive. Quelques flèches fusent pour éloigner les plus téméraires des ennemis, quelques coups d'épée donnés à l'avant pour dégager le passage. Tout le monde est confiant et heureux de servir sous un tel commandant. Mais le groupe arrive finalement au trois quarts du parcours à 12h25 et les choses se corsent : les monstres les plus puissants se trouvent devant eux, cette fois bien réveillés et bien décidés à se préparer un petit gueuleton.
« Formation marche lente ! », cria Esthroth. L'avancée est alors plus délicate, ils faut se frayer un chemin à travers ce fatras d'ennemis entassés, chacun cherchant à se dégoter un petit bout de viande humaine. Heureusement, les guerriers et les archers sont en pleine forme, ils sont pleins de vigueur et d'entrain, ils donnent des coups à droite et à gauche, ne sachant même plus où donner de la tête. L'avancée est certes ralentie mais elle reste indéniablement efficace. C'est alors qu'une ombre gigantesque s'abat sur le groupe, un dragon ancien fait son apparition dans le ciel !

Chapitre 17 : Irruption soudaine ou Éruption de colère ?

Le dragon ancien atterrit brusquement. En se posant, il écrasa naturellement de nombreux monstres.
La grande majorité des braves venus avec Esthroth étaient morts de peur. Le dragon ancien était tout de même plutôt rare dans la région, un sale coup du hasard. Ou alors... Pas le temps de réfléchir ! Avant que chacun puisse reprendre ses esprits, le dragon donna un grand coup de queue, balayant par la même occasion une vingtaine de monstres, presque la moitié des guerriers et un archer. La seconde suivante fut encore pire lorsque le dragon cracha un souffle de braises et de feu en direction du groupe déjà vacillant. Était-ce la fin ? Esthroth le crut jusqu'à ce qu'il ouvre de nouveau les yeux : dans un élan de lucidité, les mages avaient formé une barrière autour des 18 membres du groupe restants. Les autres étaient de toute façon livrés aux monstres, personne ne pouvait plus rien pour eux. Il fallait toutefois que le chef se ressaisisse ou ils allaient tous y passer !
En regardant en direction de la barrière, l'elfe encore étourdi, remarqua qu'il ne restait plus qu'environ 120 mètres. « Tous à la barrière ! Courez ! ». Certains espéraient peut-être un ordre de repli mais Esthroth savait pertinemment qu'ils couraient tous à leur perte en revenant sur leurs pas : la distance était bien trop grande et les monstres maintenant tous réveillés. Le groupe obéit instinctivement. Dans l'urgence quasi-mortelle, n'importe quel groupe obéirait de toute manière à n'importe quel ordre un tant soit peu raisonnable. Ils coururent alors jusqu'à la barrière en essuyant des attaques à droite et à gauche, de devant et surtout de derrière. Le dragon allait-il les suivre ou les pourchasser ? Triste sort du destin lorsque le dragon commença à entamer une course folle vers le groupe déjà bien désorganisé. Aucune tactique ne pouvait résister à un dragon ancien enragé !
Pourtant, arrivé à la barrière, Esthroth hurla « Formation finale ! Deux mages en soutien pour nous protéger ! » puis en choisissant au hasard un des mages « Toi ! Occupe-toi de la barrière ou nous sommes tous morts ! ». Le dragon s'approchait dangereusement devant des guerriers à la limite de céder sous le poids de la peur. Quelques dizaines de mètres encore...

Chapitre 18 : Guerre du feu

« Abattons ce dragon ! Montrons-lui que nous n'avons pas peur... ». Une phrase sortie presque par accident mais qui permit à chacun de retrouver un semblant de courage. Le dragon était maintenant devant eux, prêt à écraser quelques insectes de plus. N'importe qui aurait détalé à toute vitesse mais où pouvaient-ils détaler ? Vers les autres monstres ? Aucune échappatoire. Il fallait combattre...
Le dragon commença par attiser les flammes de la bataille en crachant littéralement une vague de chaleur en direction des guerriers éparpillés devant le seul mage qui pouvait encore les sauver. La chaleur fut si intense qu'un demi-elfe archer s'évanouit sur place. Et pourtant... les deux mages tentaient par tous les moyens de refroidir l'air ambiant par toute sorte de sorts de froid et de glace.
Et puis venant de la gauche, c'est le coup de griffe ! Le guerrier à deux haches est projeté hors de la zone de combat, à moitié démembré, il vient se fracasser sur la barrière un peu plus loin... Pour éviter que le reste finisse de la même manière ou que chacun n'ait le temps d'observer le sort qui l'attend, un des guerriers crie « A l'attaque ! » et se rue sur le dragon. Tout le groupe en fait de même, par réflexe ou par désespoir, peu importe. Il s'agira sûrement de leur dernier combat.
De mémoire d'elfe, Esthroth n'avait jamais vu une bataille aussi épique. Les archers envoyaient des salves de flèches, parfois imprégnées de magie. Les guerriers couraient dans tous les sens et tournaient autour du dragon en évitant coups de griffe et coups de queue, et les quelques attaques qu'ils réussissaient à placer paraissaient telles des piqures d'insectes sur la peau du lézard. Les mages offraient des protections magiques extrêmement éphémères à certains guerriers qui, sans ça, n'auraient de toute façon pu survivre à une seule attaque du dragon.
Et après quelques minutes de combat, le dragon entra dans une rage folle. Ses coups furent bien plus rapides et bien plus impressionnants, il parut évident qu'il en avait marre et qu'il voulait en terminer le plus vite possible. Et c'est bien ce qui arriva : les membres du groupe finirent à terre, inconscients ou morts, les uns après les autres. Esthroth se retrouva avec un unique mage, deux archers et autant de guerriers devant un dragon qui ne leur laissait absolument aucune chance...

Chapitre 19 : Dragon versus Dauphin

Par chance, ou du moins si on peut appeler ça comme ça, les autres monstres plus faibles restaient à l'écart. Ils avaient fui assez loin de façon à ne pas subir une attaque dans le rayon d'action du dragon, ils formaient ensemble une espèce de cercle, comme une arène... Esthroth prêt à combattre avait encore son épée devant lui, une épée qui ne lui avait été d'une grande utilité durant ce combat puisqu'il en était resté à l'écart jusqu'à maintenant.
Le stratège devait à son tour se défendre. Le dragon s'était certes un peu calmé mais vu leur nombre et leurs blessures, les membres restés debout n'avaient plus la moindre chance de s'en sortir. Quand le dragon se décida à faucher ce qu'il restait d'eux avec un grand coup de queue, Esthroth plaça instinctivement sa lame sur le côté pour se défendre du coup. En fermant les yeux, il repensa à son aventure avec Eiar qui lui avait sauvé la vie, à la vie qu'il lui avait offert par son sacrifice. Le dernier survivant d'un groupe envoyé à l'attaque d'un sorc... Comment avait-il pu réfléchir autant au passé ? Il devrait être mort maintenant ! Un cri insupportable s'éleva alors dans l'air. En ouvrant les yeux, Esthroth vit que ce n'était pas un rêve : il était toujours vivant ! Son épée était brillante comme le soleil et imbibée d'un liquide vert... Une seconde d'attention lui permit de comprendre que son épée venait juste de trancher net la queue du dragon. Cette épée, Delphina (« Dauphin sacré » en ancien elfique), venait de se réveiller, elle avait même changé de forme. Profitant de cette occasion unique, l'elfe à l'épée de lumière sauta en direction du dragon en envoyant une onde de lumière verticale qui découpa en deux le dragon fou de douleur. La seconde suivante, l'épée reprit sa forme normale, Esthroth sentit ses forces se vider et sa conscience s'échapper. Il crut entendre derrière lui le mage crier « La barrière est ouverte ! Venez vite, je ne tiendrai pas longtemps ! » et dans un dernier effort, il donna ses derniers ordres : « Ramassez les blessés, entrez à l'int... de ... barri... ». En ramassant les survivants, les derniers membres du groupe entrèrent à l'intérieur du passage formé par le mage. La plupart des monstres, étonnés ou choqués, s'enfuirent en courant.