Kidermund, la Sanglante

Voici l'histoire de l'épée d'Aldier, lame mystérieuse s'il en est, et forgée dans un métal sombre acquit 'une bien étrange façon par le père d'Adier (forgeron de son état et forgeur de cette lame, rappelons-le).


Kidermund est forgée dans un métal sombre et imprégné de magie. Le père d'Aldier acquit ce métal auprès d'un de ses amis marchand ambulant après qu'il lui eu commandé, il avait entendu parlé de ce métal rare que l'on nomme Sangord (de mon invention à priori) au reflet et aux caractéristiques légendaires. Il savait que seul son vieil ami saurait lui en procurer, ce que ce dernier fit. Les barres qu'il livra au forgeron étaient gravées de runes étranges qui pulsaient. Intrigué il demanda d'où provenaient les barres, la réponse de son ami le rassura, les forges naines étant renommées pour la qualité et l'enchantement de leurs métaux. Le marchand refusa tout paiement, demandant juste à pouvoir rester et assister le père dans la forge puis la remise de la lame. Ce dernier accepta et commença alors son œuvre la plus formidable...


Au loin, par delà les monts lointains, dans des terres oubliées des Dieux eux-même une statue s'anime, clignant des yeux, puis se secouant pour se débarrasser de sa peau de pierre. Un être lupin descend de son socle respire à fond pour la première fois depuis que le monde est monde. Il se meut jusqu'à un autel et frotte la poussière qui en couvre le côté, découvrant trois versets :

"De la forge du père la Rouge naitra,
Dans le sang des titans, il la forgera,
Des mains du fils elle s'abreuvera."

La bête semble sourire, les coins de ses babines remontant sur les côtés de son museau, une lueur nait dans son regard quand le métal est plongé pour la première fois dans les flamme, la première fois depuis que le monde est monde, à des milliers de kilomètres de là.

"Enfin..."

L'ouvrage était titanesque, mais il fut réussi en trois jours seulement, la lame était superbe, emmanchée d'une garde simple et polie par les meules paternelles, elle renvoyait partout des reflets sanguinolents, une vie de travail trouvait ici son accomplissement.


La lame fut remise au jeune Aldier le lendemain, flamboyante à son côté. Celui-ci prit la route pour aller s'enrôler à l'armée, survint alors ce que vous savez, et quelques mois après eu lieu la première mission d'Aldier. Alors que les sorciers le renvoyaient dans ses baraquements se passait loin de là une scène étrange.


L'être lupin s'ébroua, son pelage noir luisant renvoyant son œillade à la lune, puis il retourna dans l'allée où il reposait statue, il passa devant son socle vide et éveilla un de ses frères, le pelage blanc qui se découvrit sous la gangue rocheuse sembla absorber toute lumière autour de lui, alors que le noir semblait en produire. Le blanc s'approcha de l'autel et en essuya un nouveau côté, découvrant encore trois versets :


Perverti par son ennemi,
Enfant du carnage,
Amant de la mort

Une Ange apparu derrière les Grands-Loups, ceux-ci la saluèrent, souriant. L'Ange sembla acquiescer et prit son envol, sa faux à la main, renvoyant des reflets sanglants, caractéristiques du Sangord.

"Une page se tourne mon frère.
- Oui, allons chasser."

Les lupins disparurent dans la forêt.

Aldier rêve à la Lune, il est en mission, la quatrième pour les sorciers. La journée du lendemain sera sanglante encore, Aldier n'a aucun état d'âme à tuer depuis qu'il a mené à bien sa deuxième mission. Il est maintenant Capitaine. Il tourne et retourne cependant de troubles pensées, ses rêves sont de plus en plus souvent hantés par des êtres lupins immenses. Il lui semble que leur nombre augmente avec la force de son lien avec son arme.


Il se lève et va marcher un peu à l'écart des tentes des Haut Gradés. Alors qu'il s'assied sous un arbre il voit un plume tomber devant ses yeux, lentement, une plume d'un blanc immaculé. Elle se pose sur sa lame, posée en travers de ses jambes. Une aile tombe de chaque côté et une silhouette les suis. Une Ange, immense, couverte d'une cape, le domine. Elle porte à la main une faux aux mêmes reflets sanglants que sa lame. De sous sa capuche tombent des cheveux blancs, longs, immaculés, deux yeux brillent dans la pénombre de couvre-chef, illuminant quelques peu le visage de la mort, tatoué de symboles bleus. Aldier, impressionné, effrayé aussi, se leva :

"Vous êtes... une ange ?
- Je suis la dernière des anges, lui répondit une voix douce au cœur et à l'oreille, la née de l'ultime sacrifice des miens dans le désert, au côté des démons. De ce jour, de part le monde je prends la vie de ceux qui n'en ont plus l'utilité. Je suis ce qui définit la vie, son extrême limite. Je suis ce qui rend votre vie si précieuse, sa fin, la mort. Mais je ne suis pas venue te prendre la vie, tu me sers trop bien pour ce faire depuis quelques mois. Et puis ta lame est sœur de la mienne, je te protègerai un temps, prends soin de toi petit mortel... Et surtout, ne craints pas le Loup-Noir.
- Mais... que ?"

L'Ange posa un doigt sur les lèvres d'Aldier pour lui intimer le silence. Sa capuche tomba en arrière, découvrant un visage magnifique, au yeux sans âges. La Faucheuse cligna de l'œil et s'envola. Aldier, sidéré, resta un long moment songeur, sentant encore le touché frais et léger du doigt de la mort sur ses lèvres. Il retourna se coucher, songeur...



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"Raaaaaaaaaaaaaah ! Non !
- Calme-toi Aloon, calme-toi je t'en prie.
- Elle est morte, répondit l'autre, MORTE !!!
- Et hurler n'y changera rien, intervint la Faucheuse.
- Dis-moi au moins que son âme ne finira pas dans le Grand Néant comme celle des miens qui meurent, supplia le lupin noir, pleurant sur la dépouille d'une femelle de sa race, blanche, comme la patte de son frère qui reposait sur l'épaule du dénommé Aloon.
- Il n'y a qu'une solution, tu le sais très bien.
- Tu veux dire qu'il faut ...
- Oui, la mort se tourna vers les autres lupins assemblés, rallumez les forges, appelez les foudres du monde, que trembles la terre des énergies destructrices de l'ancien monde, nous allons forger des Orbes !


... A suivre ...

Le ciel est couvert, demain sera la guerre, Aldier prend l'air et profite de la pureté de celui-ci. Il sait que demain il sentira la mort et la fumée, le sang et la chair carbonisée... Demain il répandra la mort, une fois encore. Il commence à douter du bien-fondé de l'action des sorciers. Il arrive sous un arbre et s'y assoie, comme il y a quelques ans de cela, lors de la visite de cette Ange qui se présentait comme la mort. C'était si loin et en même temps si près, tant de doute et de rage depuis... Il avait eu une période de trouble dernièrement, les Maîtres l'avaient rassuré en lui disant que ça ne serait que passager, il n'en croyait rien, ça allait en empirant.


Alors qu'il ruminait ces pensées bien sombres, un plume blanche tomba devant son regard, il était plus à l'écart cette fois du camp, hors de vue des sentinelles, dans la forêt. L'Ange est comme dans son souvenir, superbe et immense, resplendissante de lumière, terrible et irrésistible à la fois, la Mort dans toute sa splendeur. Depuis ce jour ses rêves lupins lui redonnaient courage et l'amenaient à se remettre en question, chaque ayant l'effet de lui faire sentir combien il était mal dans l'armée des sorciers, il s'en rendait compte maintenant. Il était officier supérieur désormais, s'il s'illustrait encore demain, il deviendrait Lieutenant-chef d'un gros contingent.

Les ailes l'entourèrent comme pour le protéger du dehors, l'Ange plongea dans ses yeux son regard sans âge, Aldier perdit pied. "Détends-toi, je ne te veux aucun mal, lui dit la voix de l'Ange, détends-toi, je t'amène un présent, et j'ai aussi autre chose à t'offrir de plus personnel, nous y viendrons ensuite." Les ailes s'écartèrent, découvrant un tout autre lieu : les murs étaient de marbre blanc, le sol de marbre noir, des voiles diaphanes fermaient les baies ouvertes sur un balcon donnant une vue magnifique sur une plaine sans fin, baignée par la lune, pleine ce soir là, une porte fermait l'accès à une autre pièce, une porte à la forme particulière, plus large, prévue pour les Anges et leurs ailes. Un lit occupait le centre de la pièce, contre un mur.

La Mort plongea la main dans les replis de son manteau, elle la ressortit porteuse d'un sac de velours, laissant entrevoir une cuisse nue, avant que le vêtement ne retombe. Aldier était un peu gêné, ce qui semblait amuser l'autre. "Détends-toi, on dirait un enfant pris en plein vol de sucrerie, tu n'a pas à être gêné de cela, approche plutôt et regarde ce que contient ce sac." Elle l'ouvrit quand il vint à se mettre face à elle, paraissant petit en comparaison, ou du moins d'une taille normale si elle n'avait pas eu d'ailes, alors qu'il passait pour grand chez les sorciers. La Faucheuse ouvrit le sac qu'elle posa sur une table, laissant apparaître une sphère d'un diamètre d'une vingtaine de centimètres, apparemment en cristal, ou plutôt une autre matière, plus pure et plus résistante aussi. A l'intérieur il y avait des fumées bleues et grises, comme un visage se formait parfois, enfin même si cela tenait plus du loup que de l'homme, beaucoup plus.

"Tu sais ce que c'est ? demanda l'Ange.
- Je crois, les Sorciers tentent d'en fabriquer régulièrement. C'est une Orbe, c'est ça ?"


... A suivre ..."

Un Orbe... Une vraie Orbe... Ce jour resta gravé dans la mémoire d'Aldier pendant les années qui suivirent, il connaissait les termes du marché posé par la Mort :

"Lorsqu'un jour viendra l'affrontement,
Face à l'opposé de ton chef tu feras face.
Alors vainc et tues !
Puis lis la nuit, tu sauras si tu as réussi...
Alors, l'Orbe sera tienne,
et reforgée de ton âme sera ta lame."

Depuis Aldier a tué mains ennemis des sorciers, mais sans résultats : Seigneurs, Comtes, Ducs, Maires, Chefs, tous sont morts de la Sanglante, aucun n'a survécu.... Lors de la scission, il a commencé à fuir, sans chef, et a perdu espoir en ce marché. Cependant, maintenant qu'il a rejoint un groupe d'aventuriers dans le repaire d'un sorcier, il a de nouveau accepté l'autorité de quelqu'un, Esthroth, un Elfe...